Créée en 2017, l’épicerie sociale et solidaire Le Comptoir d’Aliénor accueille les étudiants de l’académie de Bordeaux en grande précarité. En proposant des denrées à bas coûts et des activités, l’épicerie entend sortir ces jeunes de l’isolement social. Une initiative encore plus vitale pendant le confinement.

« Ici, on est comme dans une épicerie classique », lance Karen Marcellin, chargée d’accueil, debout à côté de la caisse. « Tout est à disposition des bénéficiaires ». Panier à la main, on circule entre les deux rayons du Comptoir d’Aliénor, installé sur le campus universitaire Peixotto à Talence, dans un petit bâtiment habillé de graffitis et géré par une association étudiante. On y trouve des produits de tout type : conserves, fruits et légumes, produits secs, frais, d’hygiène, protections périodiques, et même parfois de la viande. « Mais c’est plus difficile à conserver pour nous », précise Karen.


Crédit photo : Juliette Thévenot

La particularité de cette épicerie destinée aux étudiants de l’académie de Bordeaux réside dans les prix : un paquet de pâtes coûte environ 10 centimes, une boîte de raviolis au bœuf 63 centimes ou encore 5 à 10 centimes la baguette de pain. « Le Comptoir permet aux étudiants d’accéder à des denrées 10 à 30 % moins cher que les prix du marché », explique Paul Marsan, un des responsables de l’épicerie.

L’objectif de cette initiative sociale et solidaire est de sortir les étudiants de la précarité et de l’isolement social. « Les bénéficiaires doivent avoir un reste à vivre à peu près égal à deux repas CROUS, soit environ sept euros », indique l’étudiant. « Cela correspond à la somme qu’il reste à la fin du mois, une fois que l’étudiant a payé toutes ses dépenses. » Et en cette période de crise sanitaire, les fins de mois sont encore plus compliquées.

« Depuis le début du confinement, on a constaté un sentiment de panique »

« On ne pouvait pas laisser tomber nos soixante bénéficiaires, on devait rester ouvert », martèle Paul Marsan. « Les crises sanitaires comme celle du coronavirus précarisent énormément les étudiants. » En effet, les jobs étudiants ou missions ponctuelles se font rares, il n’y a plus de revenus alors que les dépenses liées au loyer, aux charges et à la nourriture, elles, au contraire, n’ont pas disparu.

« Depuis le début du confinement, on a constaté un sentiment de panique », précise le co-responsable de l’épicerie. « Nos bénéficiaires continuent de venir, il y a un besoin constant. On a une augmentation des mails, des demandes et cela ne va pas cesser. » L’épicerie est d’ailleurs tout à fait prête, elle peut accueillir jusqu’à 250 personnes par semaine.

Crédit photo : Juliette Thévenot

En temps normal, le Comptoir propose également des activités culturelles. Avec le Covid-19, le lieu de vie a dû fermer ses portes. « C’est encore plus important de garder un lien social avec les étudiants pendant cette période », poursuit Comptoir d’Aliénor. « On s’assure que tout va bien et on leur demande s’ils ont besoin de plus d’aide. »

Un constat également partagé par la chargée d’accueil de l’épicerie. « Le Comptoir d’Aliénor est un lieu de première nécessité pour les étudiants, je ne nous voyais pas fermer », lance l’étudiante. Elle confie que son travail et le fait de voir du monde lui font personnellement du bien en cette période difficile. « On n’est pas juste une caisse, on discute beaucoup, on fait attention à eux. »