A l’annonce du reconfinement, plusieurs petits commerçants craignent pour leurs entreprises et leurs emplois. Mais cette crise n’épargne personne, pas même nos commerces essentiels, à commencer par les boulangers comme Pierre, dans le sixième arrondissement de Lyon.
Pierre sort de la boulangerie Malatier, dans le sixième arrondissement de Lyon. Le visage et le masque enfarinés, il allume une cigarette. C’est bientôt la fin de journée pour lui, il prépare l’une des dernières tournées de baguettes. L’odeur du pain chaud se fraie un chemin par la porte de derrière où nous nous rencontrons.
Pour les boulangers, la crise est plus difficile qu’elle ne paraît. L’annonce d’un deuxième confinement a été un choc pour Pierre et toute l’équipe de la boulangerie Malatier. Le premier avait déjà été une épreuve pour lui et ses collègues, ils se préparent maintenant à renouveler cette expérience. « Lors du confinement, nous avions enregistré plus de 50 % de pertes sur nos ventes. Pour le moment, rien de sûr. Ça marche un peu plus mais il y a quand-même de la grosse perte », nous confie-t-il.
L’une de leur préoccupation principale est leur cahier de commandes, de plus en plus vide : « Le plus gros impact c’est la perte de clients, la perte des restaurateurs surtout. Mais il faut aussi penser aux gens qui sont en télétravail. C’est des sandwichs en moins, c’est des viennoiseries en moins le matin. Notre cahier de commandes est presque vide. D’habitude, à 10 h il est rempli pour le lendemain. Là, il est vide. » Heureusement, la clientèle reste fidèle et les clients sont toujours au rendez-vous, solidaires avec leur boulanger de quartier. « On sent qu’il y a une solidarité, mais ça ne suffit pas pour garantir le chiffre d’affaires. Mais bon, c’est déjà un croissant de plus… Une baguette par ci, une baguette par-là, c’est toujours ça », nous explique Pierre.
A l’approche des fêtes, c’est surtout la peur qui se fait sentir au sein de la boulangerie. Noël et la fin d’année sont les mois essentiels dans ces commerces dépendants de la vente des bûches, galettes et bugnes. « Tous les boulangers sont en train de flipper parce qu’il y a un dicton en boulangerie : « Noël, c’est le mois qui te permet de payer les douze mois de l’année. »
Le reconfinement demeure ainsi une étape clé pour Pierre mais aussi pour tous les boulangers de France. Face à des commandes en baisse, nul ne peut prédire l’avenir de ces artisans mais Pierre ne semble pas confiant : « Avec de la chance, on devrait s’en sortir grâce à notre clientèle.Mais trouver du travail en boulangerie sera vraiment difficile. Pour moi, 80% des boulangeries pourraient fermer si le confinement se prolonge pendant les fêtes. »