À l’approche de l’élection présidentielle de 2022, l’heure est au bilan pour Emmanuel Macron. Celui qui souhaitait faire de l’égalité hommes/femmes la grande cause de son quinquennat n’a pas vraiment tenu ses promesses si l’on en croit les associations féministes.
Avant d’être élu en 2017, le chef de l’Etat l’avait annoncé fièrement au journal Marie-Claire : “Je suis féministe car c’est le seul moyen de faire bouger la société”.
Dès lors, il attire les féministes, évoquant la possible nomination d’une femme au poste de Premier Ministre. Une fois élu, Emmanuel Macron met en place un gouvernement paritaire et proclame l’égalité femmes-hommes comme la cause nationale du quinquennat.
Mais à un peu plus d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle de 2022, cinq associations, dont Oxfam France, sont revenues sur les engagements en matière d’égalité femmes-hommes du président sortant dans un rapport. Et le bilan est plutôt décevant…
“Nous prenons acte d’un certain nombre d’efforts, mais le système reste profondément sexiste. Malheureusement, quand on creuse, les mesures prises ne sont pas très ambitieuses ni suffisamment financées« , a confié Sandra Lhote-Fernandes, responsable chez Oxfam France, a-t-elle confié au journal Libération.
Des propos en accord avec ceux de Célia Levy, membre du collectif Nous Toutes, interrogée sur Arte mercredi : “Le bilan est extrêmement mitigé, voire quasiment nul. Depuis le début du quinquennat il y a eu plus de 600 féminicides, autant que dans les quinquennats précédents. Visiblement il n’y a pas eu d’effet de la politique mise en place par ce gouvernement”.
En France, 94 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année, 220 000 sont victimes de violences au sein de leur couple, 6,7 Millions de personnes ont déjà subi un inceste et 80% des personnes trans sont victimes d’harcèlement scolaire. Un bilan très lourd et des chiffres qui “parlent d’eux-mêmes” pour Célia Levy.
Généralisation des bracelets anti-rapprochement, allongement de 20 à 30 ans du délai de prescription du viol sur mineurs, création d’une plateforme en ligne de signalement des violences sexistes et sexuelles, ou plus récemment l’allongement du délai de l’IVG de 12 à 14 semaines : voici les quelques “avancées” féministes d’Emmanuel Macron.
Mais pour celles qui se battent chaque jour pour une société plus équitable, ce n’est pas suffisant, et encore moins à la hauteur des promesses de 2017. Pour Célia Lévy, le “gouvernement a mis très peu de mesures en place”.
Un quinquennat décevant, voire insultant pour les féministes. Plusieurs déclarations faites tout au long du quinquennat d’Emmanuel Macron ont résonné comme des attaques auprès des victimes, à commencer par la nomination de Gérald Darmanin au Ministère de l’Intérieur, accusé de viol. C’est ce qu’illustre Célia Levy dans son interview sur Arte. Elle évoque la phrase du président prononcée en 2020, après l’attentat opéré contre Samuel Paty : “La République est bonne fille mais elle ne se laissera pas violer”. Pour Célia Levy, le gouvernement alimente la culture du viol, au lieu de la déconstruire.
En plus des propos très controversés d’Emmanuel Macron, le rapport des associations féministes dénonce un “budget insuffisant” attribué à l’égalité femmes-hommes. Il ne représente “que 0,25% du budget de l’Etat, soit 1,3 milliard d’euros”. Oxfam France a néanmoins noté une augmentation de 66% du budget alloué au ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui est passé de 27 à 50 millions d’euros entre 2016 et 2022. À l’heure de tirer le bilan, Emmanuel Macron s’applaudit et présente même de
nouveaux projets pour servir la grande cause de son quinquennat. Dans un contexte de crise internationale, où les sondages sont au beau fixe pour Emmanuel Macron (cf sondage Ipsos-Sopra Steria), le président sortant proposera-t-il des mesures qui répondront aux demandes des féministes ? “Regrettant que les inégalités femmes-hommes soient les grandes absentes des débats à la présidentielle, Oxfam France a ainsi annoncé envoyer son bilan et un plan d’urgence en dix mesures au gouvernement et aux candidats à l’Elysée”, selon Le Point. Parmi ces mesures, sont demandés l’investissement d’un milliard d’euros par an contre les violences conjugales, l’allongement de la part obligatoire du congé paternité, la lutte contre l’industrie pornographique ou encore la constitutionnalisation du droit à l’IVG.