Dans quelques jours, la Coupe du monde de football de la FIFA 2022 qui se déroule au Qatar va débuter. Cette 22e édition sera la dernière à présenter 32 équipes avant le passage à 48 en 2026. Parmi elles, des favoris promis au succès et attendus au tournant. Pour d’autres sélections, la phase de poules n’aura rien d’un fleuve tranquille.
Entre les polémiques incessantes, les vagues de boycott et son calendrier si particulier, la Coupe du monde 2022 est déjà l’une des plus marquantes de tous les temps. Du 20 novembre au 18 décembre prochains, c’est bien sur le terrain que le Mondial au Qatar devrait faire parler de lui. Trente-deux pays, soixante-quatre matchs et à la fin, un seul vainqueur. Après une longue phase de qualification, le gratin du football international est enfin constitué. Si nous, spectateurs, avons les yeux rivés sur la coupe et sur les équipes capables de la soulever, qu’en est-il des nations qui feront le voyage avec des objectifs nettement moins ambitieux ? S’il y aura un grand gagnant, il y aura aussi une équipe qui fera moins bien que toutes les autres.
Étonnamment, les grandes sélections sont habituées à décevoir et à manquer leur mondial. Depuis le passage à l’an 2000, quatre des cinq derniers champions du monde en titre ont été éliminés dès la phase de poules. Pour autant, quand il s’agit d’être pire que tous les autres, ce sont des pays de foot bien plus modestes qui se retrouvent à l’affiche. Lors de la dernière édition, c’est le Panama qui avait hérité du bonnet d’âne. Défait par les deux demi-finalistes que sont l’Angleterre (6-1) et la Belgique (3-0), la Marea Roja n’a pas su relever la tête pour son dernier match face à la Tunisie (2-1). Manque offensif, effectif trop faible et groupes trop relevés, voici les trois équipes qui risquent d’être les plus mauvaises de la Coupe du monde.
L’Arabie saoudite : Faucons en terrain hostile
Sur les terres de son grand rival politique et économique, l’Arabie saoudite rêve de triompher au nez et à la barbe du Qatar. Depuis la précédente édition du Mondial, les Faucons verts ont accentué leur statut de meilleure équipe du Golfe, les éliminatoires en témoignent. Dans la zone Asie, les qualifications se déroulent en deux phases de poules. Par deux fois, le pays du Moyent-Orient a trôné à la tête de son groupe en ne s’inclinant qu’une seule fois en 18 rencontres. Hervé Renard n’est pas étranger à ces bons résultats. Depuis 2019, l’entraîneur français apporte toute son expertise sur le banc des Verts. Pas gâtée par le tirage pour sa 6e participation à la Coupe du monde, l’Arabie saoudite sera opposée à l’Argentine de Lionel Messi, à la Pologne de Robert Lewandowski et au Mexique de Guillermo Ochoa. Un joli programme qui ne promet pas la joie.
Pour ce tournoi, Hervé Renard pourra s’appuyer sur des bases solides et sur une équipe qui se connaît bien. La sélection est composée uniquement de joueurs évoluant dans le championnat saoudien. Plus précisément, la moitié d’entre eux jouent à Al-Hilal, le meilleur club du continent. L’absence de star est compensée par des automatismes bien présents. Parmi les 26 joueurs sélectionnés, Fahad Al-Muwallad n’a pas été retenu. Le dimanche 13 novembre, la Fédération d’Arabie saoudite de football a annoncé que l’attaquant était écarté de l’équipe suite à une infraction à la réglementation antidopage et « par mesure de précaution ». Le potentiel titulaire a été remplacé par Nawaf Al-Abed. Au Qatar, les Faucons ne veulent pas se brûler les ailes et tenteront surtout de montrer un beau visage.
Petit Poucet du groupe C, l’Arabie saoudite ne pourra pas faire sa loi sur le terrain. Depuis sa prise de fonction, Hervé Renard prône un jeu de possession avec ses joueurs. Manifestement, les Verts se préparent déjà à courir après la balle lors de leurs trois oppositions. Habitué à jouer en bloc haut, le pays du Golfe sera contraint de faire l’inverse pour ne pas prendre la foudre face à l’Albiceleste du septuple Ballon d’Or et aux Aigles Blancs du double Soulier d’Or en titre. Le dernier obstacle des Saoudiens sera les défenses adverses. Sur ses 19 derniers matchs, toutes compétitions confondues, l’Arabie saoudite n’a jamais inscrit plus d’un but au sein d’un même match. La dernière fois, c’était contre la Chine (3-2) il y a plus d’un an. Les murailles à franchir sont très élevées. Peut-être trop pour des Faucons qui ne voleront sûrement pas très haut.
L’Iran : un contexte politique qui pèse sur les épaules
L’Iran réalise la passe de trois. Après les tournois de 2014 et 2018, la Team Melli participe à sa troisième phase finale consécutive, la sixième de toute son histoire. Lors du 3e tour de qualification dans la zone Asie, la sélection iranienne a survolé tous les débats en s’offrant 8 victoires en 10 rencontres, un brillant parcours qui a permis à l’équipe de terminer première de son groupe. Mais depuis, les choses ont changé. Le sélectionneur Dragan Skočić a été remercié en septembre et a laissé sa place au Portugais Carlos Queiroz, de retour à la tête de la Perse après un premier passage entre 2011 et 2019. Secouée par la grande révolte nationale qui règne dans le pays, depuis la tragique mort de Mahsa Amini, la sélection doit aussi faire face à un tapage médiatique sans précédent. À plus forte raison que plusieurs joueurs soutiennent les manifestations.
La Team Melli se rend au Qatar avec la ferme intention de briser son plafond de verre. Depuis leur première participation en 1978, les Iraniens n’ont jamais atteint les 1/8e de finale. Dans une poule anglophone composée de l’Angleterre, des États-Unis et du Pays de Galles, atteindre l’objectif sera compliqué. D’autant plus que ces trois adversaires figurent dans le top 20 du classement FIFA. Depuis le Mondial 2018, l’Iran n’a rencontré que deux équipes de ce calibre en 38 rencontres. C’était il y a deux mois face à l’Uruguay (victoire 1-0) et le Sénégal (1-1). Contrairement à ses concurrents du groupe B, la Perse se confronte rarement aux meilleures équipes internationales. La différence de niveau pourrait très vite se faire ressentir.
Incertains suite à leur prise de position politique, Mehdi Taremi et Sardar Azmoun sont bien présents dans la liste des 25. Si la première star se trouve dans la forme de sa vie au FC Porto (13 buts en 19 matchs), la seconde vit un début de saison très délicat à Leverkusen. Éloigné des terrains depuis le 30 septembre, le meilleur buteur en activité de la sélection ne part pas au Qatar avec le plein de confiance. Coup du sort du calendrier, l’Iran sera opposé aux Three Lions dès la première journée. Les Iraniens enchaînent ensuite face aux États-Unis, leur ennemi juré sur le plan géopolitique. Lors de la Coupe du monde 1998, les deux pays s’étaient affrontés. Ce soir-là, le pays du Moyen-Orient a remporté pour la première fois de son histoire un match en phase finale. Un succès ô combien symbolique. La Team Melli aura envie de récidiver, mais cela ne sera pas facile. La sélection américaine monte en puissance avec de plus en plus de joueurs qui jouent en Europe (16/26). Le troisième match face au Pays de Galles semble être plus abordable. Néanmoins, les coéquipiers de Gareth Bale savent qu’ils devront impérativement s’imposer pour rêver d’une qualification. En somme, l’Iran a bien progressé ces dernières années, mais malheureusement, l’équipe semble encore trop juste pour le tour suivant.
Le Costa Rica : nouvel exploit ou dure réalité ?
Dernière nation à avoir obtenu son billet au Qatar, le Costa Rica commence à devenir un habitué de la fête. Pour décrocher cette sixième qualification en phase finale (la 5e sur les six dernières éditions) le chemin ne fut pas de tout repos. En éliminatoire, la Selección n’a remporté qu’un seul de ses sept premiers matchs. Dos au mur, les hommes de Luis Fernando Suarez ont réalisé une série de 6 victoires sur les 7 rencontres restantes, dont des succès contre les États-Unis (2-0) et le Canada (1-0). Quatrième de la zone CONCACAF, le Costa Rica est passé par un barrage international et a su écarter la Nouvelle-Zélande (1-0) grâce à une réalisation de Joel Campbell.
Pas épargnée par le tirage, La Tricolor se retrouve, une nouvelle fois, dans une poule de la mort composée de l’Allemagne, de l’Espagne et du Japon. En 2014, les Costariciens avaient réussi l’exploit de terminer premiers de leur groupe devant l’Uruguay (2e), l’Italie (3e) et l’Angleterre (4e). La belle épopée s’était prolongée jusqu’aux 1/4 de finale après une victoire contre la Grèce aux tirs au but, et un revers contre les Pays-Bas sur le même exercice.
Sauf miracle, la Sele ne devrait pas faire mieux qu’en 2018 (dernier de son groupe derrière le Brésil, la Suisse et la Serbie avec un seul point). L’équipe est divisée par deux générations de joueurs. Une, menée par Anthony Contreras, Jewison Bennette et sept autres joueurs âgés de moins de 24 ans qui ne comptent même pas 10 sélections. L’autre, c’est celle des Keylor Navas, Bryan Ruiz, Oscar Duarte et Joel Campbell, des joueurs beaucoup plus âgés qui devront enchaîner trois matchs de très hauts niveaux en 7 jours. Le Costa Rica pourra compter sur son légendaire portier, mais dans quelle forme sera-t-il ? Cantonné à un rôle de remplaçant au Paris Saint-Germain, Navas a aussi été gêné par plusieurs pépins physiques ces dernières semaines. Sa dernière apparition officielle sous le maillot du PSG remonte au 21 mai dernier. À quelques jours de la compétition, l’état du seul Costaricien évoluant dans un club du Big Five inquiète légèrement. Sur le terrain, les Ticos ferment le jeu et n’hésitent pas à subir et à laisser la possession. Dotée d’une solide défense et d’un gardien de classe mondiale, cette tactique a payé au sein de la zone CONCACAF. Seulement, la Roja de Luis Enrique et la Mannschaft d’Hansi Flick sont à un tout autre niveau. Face à ces deux candidats au titre, la victoire semble hors de portée. Autre faiblesse de l’équipe : l’absence d’un grand buteur. En 14 matchs de qualification, aucun joueur n’a inscrit plus de 2 buts… Les rêves du Costa Rica ne tiennent qu’au réalisme de ses attaquants.