Le 13 novembre 2015, la France est victime des attaques terroristes de l’Etat Islamique. 130 morts et près de 350 blessés, c’est le bilan encore provisoire à la date où cet article est rédigé. Un pays meurtri qui cherche à comprendre le pourquoi. Les médias se sont emparés de cet événement. Alors que le monde de l’audiovisuel passe en édition spéciale permanente, le web, par les réseaux sociaux, adopte un aspect plus « unitaire ».

Souvent décriés pour ses informations mises en ligne sans être vérifiées, les réseaux sociaux Twitter et Facebook, se sont quelque peu démarqués des chaines télévisées. Pendant que les chaines d’information en continue bouleversent leurs programmes, 63h de direct sans publicité pour BFM TV, et diffusent en boucle les mêmes images, Twitter et Facebook se sont transformés, temporairement, en réseaux d’aide aux familles des victimes.

Un élan de solidarité

Le #avisderecherche a été twitté 1.306 fois (source : site Topsy). Description de la personne et lieu où elle se situait le soir des attaques étaient indiqués. Ces tweets ont été partagés par des personnes n’ayant aucun lien entre elles. Même constatation sur Facebook. Les avis de recherches étaient publiés sur les deux réseaux sociaux. Là aussi un partage de grande ampleur. C’est une véritable chaine de solidarité qui s’est créée. Solidarité qui se retrouve également avec le #portesouvertes. 13 000 tweets comprenant ce hashtag ont été recensés le soir des événements. Il avait pour but d’indiquer aux personnes en danger et faisant face aux attaques de trouver des lieux où se réfugier et bénéficier de quelques soins. A l’origine de ce mouvement, de simples anonymes. Anonymes qui terrifiés par la situation ont voulu à leur manière venir en aide à ceux qui ont croisé la route des terroristes de Daesh. Sur Facebook, des comptes spécialement dédiés à la recherche des personnes disparues ont vu le jour spontanément. A l’instar du compte « Recherche Personne » suivi par plus de 6 000 personnes ou encore le compte « Recherche Proche ». Facebook a même mis en place une application « Safety Check » sur son site permettant de se signaler en sécurité. Un débat a d’ailleurs vu le jour à propos de ce service : pourquoi les autres pays en guerre ou les victimes d’attentats comme au Proche-Orient ne bénéficient pas des mêmes services ? Débat qui met en lumière le fait que lorsqu’un événement de la sorte ne se passe pas sur le territoire national, la presse n’y accorde pas la même importance. Un débat auquel les internautes ont accordé peu de leur temps durant la période qui a suivi les attentats de Paris. L’attention s’est focalisée sur les images, vidéos et rumeurs qui ont scandalisés.

Où est la limite de l’entre aide ?

« Unité », c’est le mot d’ordre revendiqué par la haute administration française. Sur les comptes Twitter et Facebook des forces de l’ordre, de la justice et du ministère, il était demandé de ne pas relayer les rumeurs sur de possibles nouvelles fusillades et photos/vidéos montrant les scènes des attentats. Les forces de l’ordre ont d’ailleurs été très actives sur les réseaux sociaux le 13 au soir et le week-end qui a suivi. Twitter et Facebook proposaient et surtout incitaient les internautes à s’abonner à leur compte/profil. De fausses informations qui ont affolé davantage la toile. Le vendredi 13 au soir, une rumeur de nouvelle fusillade à Châtelet-Les Halles sème le doute. Deux jours plus tard, le dimanche 15, autre crise de panique et confusion à République. La lumière d’un réverbère qui grille suffit à répandre la nouvelle de nouveaux échanges de coups de feux.

Facebook et Twitter ont aussi choqué. Des images montrant des cadavres, recouverts de draps blancs certes, mais le fait est là, des millions de personnes peuvent les voir. Celle qui a le plus choqué, c’est la photo prise au Bataclan montrant de nombreux corps étendus sur le sol au milieu de longues trainées de sang. Qui a pris le temps d’immortaliser cette scène et surtout qui a eu‟ l’inhumanité” de la poster à la vue de tous ?

Un choc aussi avec les diverses vidéos diffusées montrant les scènes de tueries dans les différents restaurants visés. Exemple avec celle achetée 50 000 euros par le Daily Mail. Sur la terrasse de la pizzeria Cosa Nostra, les clients tombent au fur et à mesure. Les visages des personnes attablées ne sont pas clairement indentifiables mais les actes eux le sont. Y compris ces deux jeunes femmes qui ont eu la vie sauve car les terroristes étaient à cours de munition.

Doit-on tout dire et doit-on montrer ? Le débat reste ouvert entre information et voyeurisme.

 

Elodie Taillade