Avec ses 400 000 habitants, elle passerait pour une métropole provinciale dans nos grands pays occidentaux. Pourtant, la deuxième ville d’Israël n’a rien à envier à ses grandes sœurs européennes. les tours en construction sur le front de mer font figure de façade, plus loin dans les quartiers suds, la misère s’expose à ciel ouvert.
«Tel Aviv est une bulle»
Il paraît que lorsque l’on découvre un endroit la première image qui nous apparaît est essentielle.
Alors, après une courte nuit et 4 heures de vol depuis Paris, c’est l’appel de la mer qui se fait sentir. Impossible de les rater: les buildings qui s’élèvent au bord de la grande bleue . Il s’agirait du plus beau front de mer de toute la côte méditerranéenne. Une dizaine de plages, aux pieds des hôtels plus luxueux les uns que les autres. La ville est notamment réputée pour être un repère de la communauté homosexuelle : ici on peut s’afficher et s’épanouir sans complexe. Plutôt paradoxal dans un pays ou le clergé est omniprésent.
Yaëlle, est originaire de Paris. Installée depuis plusieurs années en Israël, elle habite depuis quelques mois à Tel Aviv, et résume la situation : « Cette ville est une bulle en Israël, loin de la tension palpable de Jérusalem ou d’autres villes du pays, ici les gens vivent ensemble ».
Ou plutôt, ils tentent de vivre ensemble.
Car ici, les populations ne vivent pas ensemble mais à côté. Tel Aviv est morcelée entre ses communautés et leurs modes de vies. Les familles bourgeoises dans le Nord, les jeunes qui aiment faire la fête dans le sud, les Français dans le centre et les immigrés autour de la gare centrale. En quelques sortes, différentes petites bulles dans la première. Cependant, il y a tout de même un endroit, un moment essentiel dans la vie des Telavivis où l’on se rencontre, où les barrières tombent…
Le souk
Dans la tradition juive, le vendredi est un jour important. Avant le shabbat en début de soirée, la journée est consacrée à préparer le repas traditionnel qui sera servi. Pour cela, tout le monde se retrouve au souk, le marché traditionnel de Tel Aviv. C’est le lieu ou les barrières tombent, ou chacun se mélangent, se retrouvent, se bousculent ou sirotent une citronnade bien fraîche. L’immigré africain embauché à la hâte le matin tient son stand de fruit et légumes, tandis qu’un groupe de juifs orthodoxes fait du prosélytisme à quelques mètres du disquaire, et de sa musique techno assourdissante. En fin d’après-midi le bouillonnement laisse place au calme, les allées du marché se vident, chacun rentrent dans son coin.
La petite Afrique
Dans la foule qui quitte le marché, un petit groupe remonte vers la gare centrale : beaucoup d’africains. Oscar Olivier, est un des portes-paroles des immigrés africains qui vivent dans le quartier de la gare centrale : « On peut dire que c’est le quartier africain, par moment on pourrait se croire à Dakar ou Kinshassa ». Ici, s’entasse plusieurs milliers d’immigrés, la plupart arrivés d’une dictature d’Afrique de l’est : l’Erythrée. Souvent ils se retrouvent dans le parc Levinsky. C’est le rendez-vous : tous les jours à 6 heures du matin. L’objectif : se faire employer pour la journée sans contrat de travail, histoire de gagner un peu d’argent. Pour les moins chanceux ou les plus marginaux, la journée sera synonyme d’errance et d’attente. Loin du bord de mer, et de ses hôtels luxueux. Tel-Aviv est en fait une métropole comme les autres, dans laquelle on tente de vivre ensemble sans jamais se mélanger.