exposent leur travail photographique
Jusqu’au 18 Janvier 2019
Lumières
Par Julia Maz-Loumides
Photographier un concert, une scène, un artiste sous les projecteurs… est un véritablement sport ! La tâche est flagrante sur les photos de Lomepal. C’est un artiste qui ne cesse de bouger lors de ses concerts : il danse, saute, lance de l’eau sur le public, se jette dedans et joue avec la lumière. La première difficulté est donc de le saisir lors d’un centième de seconde pour figer sa position, son expression et ce qu’il exprime à l’instant T. La seconde difficulté, présente également pour Gaël Faye et Hippocampe Fou, est de jouer avec les lumières. Il y en a partout, tout le temps, des bleues, des blanches, des roses, des violettes… Dur dur pour le photographe de régler constamment son appareil avec ces projecteurs changeants. Alors il faut observer, sur chaque morceaux, quelle lumière domine et utiliser les bons réglages en conséquence. Mais, parfois, photographier en laissant jouer la lumière peut donner une ambiance particulière à la photo, ni calculée ni voulue, et agréablement surprendre le photographe.
Les reflets qu’apporte le soleil sont précieux : un projecteur ne pourra jamais les reproduire, c’est l’avantage des concerts de jour.
Photographier des sportifs, qu’ils soient humains ou animaux, est un réel plaisir. Les expressions, de concentration, d’effort ou de victoire, donnent au modèle une particularité certaine. En équitation, et notamment en CSO (courses de sauts d’obstacles) la puissance du cheval et le corps uni du cavalier au-dessus de l’obstacle est un bonheur à saisir. Les terrains étant souvent en extérieur, la lumière naturelle aide à mettre en avant le couple. Il faut par contre réussir à faire son cliché à la seconde près : les quatre sabots levés à quelques centimètres de la barre.
La vitesse d’exécution est également importante en Plongée Sportive en Piscine (PSP), un sport peu connu alliant plongée et natation dans un bassin. La plus grosse difficulté est de gérer les reflets de la lumière dans l’eau. Une piscine intérieur n’est pas beaucoup éclairée, mais avec les grandes baies vitrées, la lumière extérieur se fraye un chemin facilement. L’eau et la lumière sont toujours difficile à gérer à cause des reflets : un casse-tête très formateur qui m’oblige souvent à faire quelques retouches sur des zones plus sombres que d’autres.
1er Décembre 2018
Par Sabrine Mimouni
Nous sommes le 1er décembre, c’est l’acte II des Gilets Jaunes et j’ai décidé de m’y rendre. Malgré les nombreuses mises en garde de mon entourage, j’ai voulu me mêler à cette foule de Français en colère. Je ne connaissais aucun Gilet Jaune, je n’entendais que les échos qu’en rapportaient vaguement les médias.
Samedi matin 10h, je finis par arriver sur la Place de l’Etoile à deux pas de l’Arc de Triomphe. La zone est encerclée par un barrage de CRS, ils fouillent tous ceux qui désirent passer du côté de l’Arc. Après avoir été inspectée, j’assiste effarée à une scène de violence policière. La journée commence, il est à peine 10 h 15 et les CRS s’en prennent déjà à un homme venu manifester. La raison ? Il refusait d’être fouillée et considérait que ce n’était pas normal. Éprise d’une envie d’immortaliser l’instant, je dégaine mon appareil photo. Quelques secondes plus tard me voilà bousculée par un CRS qui m’en empêche… Je n’insiste pas davantage, sûrement par manque d’expérience et surtout par peur de voir la journée se terminer alors qu’elle vient de commencer.
Les Gilets Jaunes sont réunis en masse autour de l’Arc de Triomphe, des hélicoptères font le tour de la zone. L’ambiance est particulière et extrêmement riche en émotions. Des cris de colère, des sourires, des hurlements, des bousculades et beaucoup de solidarité. Les choses génèrent assez rapidement et les forces de l’ordre lancent une « offensive » contre tout le monde. Du gaz lacrymogène est lancé, des détonations de tirs de flash-ball : force de l’ordre et gilets jaunes sont en colère. Les mouvements de foule commencent, les gens veulent se mettre à l’abri. J’ai cru assister à une scène d’anarchie lorsque les gens se sont mis à courir partout et que le ciel n’était plus que fumée.
Les yeux épuisés par le gaz, je décide de rejoindre l’autre côté de la manifestation qui se passe sur les Champs Elysées. Des dizaines de personnes sont réunies derrière une banderole « Macron démission ». Le message est clair, une partie du peuple réclame la démission de celui qu’elle surnomme « le Jupitérien » tant il ne connaîtrait rien aux réalités de la vie.
Une femme décide spontanément de faire un discours devant les CRS. Seule face à ces hommes armés jusqu’aux dents, cette femme fait un discours des plus pacifistes et les appellent à rejoindre le mouvement. Elle termine le discours en larmes, pas un geste des CRS, pas un sourire. Peut-on leur en vouloir ?
Mon rôle dans cette manifestation était de capter les émotions. Celles qu’on voit sur les visages, mais aussi celles qui se traduisent par la violence, par des tags, des voitures brûlées ou des vitrines de banques cassées. D’ailleurs, à ma grande surprise, les manifestants ne refusaient pas d’être pris en photo. Au contraire, ils ont été nombreux à poser devant l’objectif, affichant fièrement des gilets jaunes personnalisés à coups de phrases chocs. Les « casseurs » ou Gilets Jaunes en colère à l’origine des attaques de vitrines avenue Kléber (Trocadéro) m’ont également laisser les photographier alors qu’ils étaient en train de commettre des délits passibles de peines de prison… C’est dire à quel point les gens que j’ai photographiés ne sont pas des professionnels de la casse. Au cours de cette journée, j’ai aussi beaucoup discuté avec les gens, avec l’humain et pas juste les « gilets jaunes ». J’ai rencontré des gens qui étaient aux antipodes ce qu’on en disait. Aucun facho à l’horizon, juste des gens qui en ont marre de survivre alors que le principe même de la vie est de vivre.
UCP
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