Photo : Les militants sur le marché de Clichy tentent de convaincre les résidents, dans les tous derniers jours de cette courte campagne. © Mathilde Gay
A la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron le dimanche 9 juin 2024, une campagne électorale inattendue a précipité les militants de tous bords politiques dans une course effrénée, obligeant chacun à s’adapter rapidement malgré le manque de préparation, y compris dans le camp de la majorité présidentielle.
Pas de faux départ possible dans une course que personne ne s’attendait à courir. Parmi les membres du gouvernement, les représentants de chaque parti et les militants de tous bords politiques, personne ne s’attendait à ce que les quelques semaines précédant les vacances d’été soient faites d’une campagne unique en son genre.
Sur le terrain, chacun essaye, avec ses armes, de se mettre en avant. Mais cela s’avère difficile quand le timing est aussi serré. Robert Crémieux, leader de la section Clichy Insoumise qui mène campagne sur la cinquième circonscription des Hauts-de-Seine (92) pour Raphaël Pitti, le candidat de l’Union de la Gauche, l’admet, “en dix ans de militantisme, je pensais avoir tout vu en matière d’organisation et de mobilisation mais jamais je n’aurai imaginé devoir préparer une campagne en quelques jours et la mener en deux semaines.”
Cet ancien journaliste, cible également d’autres difficultés : “le Nouveau Front Populaire a ajouté des problèmes supplémentaires, bien qu’électoralement parlant c’était la bonne décision. Il a fallu plus que d’autres faire très vite des choses nouvelles pour les personnes qui s’occupent des graphismes etc”.
Julien, jeune militant du Parti Socialiste depuis le début de l’année 2024 qui a donc connu la campagne pour les élections européennes, présent à la réunion publique de Raphaël Pitti le jeudi 27 juin, confirme ces dires et ajoute que “enchaîner une campagne pour les européennes qui a été très dure pour tous les partis de gauche avec cette campagne, épuise les organismes. Mais l’accueil pour notre candidat issu du PS-Place Publique (la même que Raphaël Glucksmann aux européennes, NDLR) est bien meilleur ici à Clichy par les habitants sous cette bannière Front Populaire et la campagne est bien moins toxique avec les autres militants de la coalition qui jouent vraiment le jeu.”
“Nous sommes tous partis à égalité”
Robert Crémieux relativise également la difficulté de la campagne. “Nous ne nous sommes pas retrouvés en plein désert. Nous avons des réseaux, notamment d’imprimeurs, que nous pouvons activer très rapidement. De plus, à Clichy nous avons l’habitude de travailler avec les socialistes très nombreux sur la ville (depuis 1947, la ville a connu quatre maires PS sur cinq, le maire actuel porte l’étiquette Les Républicains, NDLR), les communistes et les verts : le Nouveau Front Populaire n’a pas non plus inventé le monde.”
Cassandra, membre du «Mouvement des Jeunes Communistes de France» rencontrée à la gare de Clichy-Levallois en train de tracter pour le Nouveau Front Populaire, prend le retard pris dans cette campagne du bon côté. “Cette campagne, même si elle est dure, elle l’est pour tous. A l’annonce de la dissolution nous avions peur que les équipes de Renaissance aient un coup d’avance sur nous. Cette peur s’est dissipée en quelques jours, quand la presse a expliqué petit à petit qu’Emmanuel Macron n’avait daigné prévenir personne, tous les partis sont partis à égalité, c’est à dire zéro.”
Une situation que déplore Elie Halphen, référent dans les Hauts-de-Seine du mouvement politique «Les Jeunes avec Macron». “Cela nous met en difficulté et nous devons nous battre sur des circonscriptions que nous avions facilement gagnées en 2022 comme celle de Clichy et Levallois. Sur ce terrain c’est maintenant l’union des gauches qui semble avoir une bonne dynamique suite aux européennes, si nous avions eu un coup d’avance peut être serions nous plus dans le coup.” Mais le jeune militant ne part pas non plus défaitiste. “Nos tracts et tout le matériel est arrivé le jeudi qui a suivi la dissolution, au prix de plusieurs nuits sans sommeil mais cela valait le coup.”
Pour ces militants, peu importe le temps qu’il reste devant eux, il n’y a qu’une seule chose à faire : convaincre, discuter, convaincre encore et croiser les doigts les dimanches 30 juin et 7 juillet.