L’engagement coté corps
Par Pauline Thuillot
Catherine Douzou, professeure des universités en langue et littérature française à l’université François Rabelais de Tours, s’est penchée sur la place du corps dans l’écriture d’Annie Ernaux.
Catherine Douzou est partie de l’idée qu’Annie Ernaux accorde une grande importance au corps, à ses transformations mais également à ses crises (maladie, vieillesse). Son propos a permis de mettre en exergue la question de «l’engagement par le détour du corps, par la voix/voie détournée du corps en crise et précisément mis en crise par ce qui peut être considéré comme une forme d’engagement. Dans le sens où il y a engagement d’un rapport intime à un autre, par le biais d’une porosité même de ce corps.»
Un engagement qui met le corps en crise, «où celui-ci est impossible à ignorer dans sa matérialité, où il prend une matérialité imparable», notamment à travers deux situations : la grossesse non désirée et la passion érotique. Cette analyse s’appuie sur deux textes : « L’événement » et « Se perdre ». Le premier raconte l’avortement d’Annie Ernaux quand elle était étudiante. Le deuxième n’est autre que le journal intime de l’écrivaine, qui y relate sa passion dévorante avec un diplomate russe, rencontré en 1988.
Une intervention très remarquée qui n’a pas manqué de susciter les désaccords et des contestations rares dans un colloque, à quelques minutes de la clôture des travaux.