CARNET DE VOYAGE
Jerusalem – Yad Vashem
Par Laura Bruneau
Dans la partie ouest de la ville de Jérusalem, capitale israélienne, se dressent le Mont Herzl et Yad Vashem, deux lieux symboliques dédiés à la mémoire.
Le Mont Herzl, le cimetière national israélien
Ce mont, qui porte le nom de Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique moderne inhumé au sommet de la colline, est l’équivalent israélien du Panthéon français.
Il abrite les tombes de ceux qui sont morts en combattant pour l’Etat d’Israël ou qui ont œuvré pour l’Etat. Le mont Herzl réunit des sections de cimetières militaires et civils. Des personnalités politiques y sont inhumées, comme les anciens premiers ministres Golda Meir et Yitzhak Rabin. Les militaires morts pendant leur service ou leur réserve y ont leur place, sans aucune distinction de religion. Les plaques tombales distinguent seulement la manière dont le militaire a trouvé la mort. Les tombes des militaires ont la forme d’un lit avec un oreiller et porte l’emblème de la force militaire où le défunt combattait. A côté de chacune d’entre elles, est posée une petite boîte destinée à recevoir une bougie représentant le corps et l’âme du défunt, qui est allumée chaque année à la date anniversaire de la mort.
Une partie du mont Herzl est dédiée à la mémoire des Ethiopiens juifs morts en chemin vers Israël. Outre ces Ethiopiens, le mont rend hommage à de nombreuses personnes. Ainsi, pas moins de six millions d’arbres sont plantés sur la colline en hommage aux victimes de la Shoah. Le Mont Herzl est également doté d’un mémorial consacré aux victimes du terrorisme.
Yad Vashem, à la mémoire de la Shoah
A quelques pas du Mont Herzl, se situe Yad Vashem. C’est accompagnés de l’historien spécialisé Tal Bruttmann, que nous l’avons visité.
Le nouveau bâtiment principal du mémorial a été inauguré en 2005. A l’intérieur, se trouve le récit chronologique de la Shoah.
Le mémorial présente de nombreux témoignages de victimes de la Shoah ainsi que des archives personnelles de juifs ayant été exterminés (photos, documents administratifs…). Des anciens symboles du IIIe Reich, comme des drapeaux avec des croix gammées ou des objets quotidiens à caractère antisémite sont exposés tout au long du musée dont le but de nous remémorer la douloureuse réalité de l’extermination des juifs d’Europe pays par pays, ville après ville, ghetto après ghetto.
Des reliques inattendues sont exposées telles les vraies briques du mur du ghetto de Varsovie, des pieds de piliers de Birkenau, d’authentiques boîtes de zyklon B…
Juste avant la sortie de ce bâtiment, le dôme du hall des noms présente des milliers de photos de victimes de la solution finale. Elles rendent à chacune d’entre elles leur visage, leur nom et donc leur identité.
Yad Vashem comporte également une crypte pour les commémorations. Elle est la première étape obligatoire pour tout chef d’Etat en visite officielle en Israël. Depuis l’extérieur, ce bâtiment ne paie pas de mine, mais dès que l’on y pénètre l’atmosphère qui y règne est saisissante. Nous avons pu assister à des chants de commémoration entonnés par des militaires. L’acoustique particulière de la crypte a décuplé leur puissance, leur conférant une profondeur indescriptible.
Un peu plus loin, un mémorial, tout en sobriété, a été édifié à la mémoire du million et demi d’enfants juifs victimes de la Shoah. Il s’agit d’une grotte où chaque matin cinq bougies sont allumées. Grâce à un ingénieux système de jeux de miroir, elles se reflètent 1,5 million de fois à la mémoire de chacun des enfants. Dans ce lieu plongé dans l’obscurité, une voix récite en permanence le nom, l’âge et la ville d’origine de ces disparus. Une manière de leur rendre leur humanité et de ne pas les oublier.
Photos : Bernadette Pasquier