A Louvain-la-Neuve, les rues sont désertes et le silence règne. Cette année, pas de soirées jusqu’au petit matin, pas de baptêmes ou de fêtes d’intégration. En Belgique, les étudiants n’échappent pas à la règle et sont eux aussi confinés.
Tout comme la France, beaucoup de nos voisins européens sont de nouveau confinés. C’est le cas des Belges, à qui l’on a intimés de rester chez eux au maximum et de limiter les contacts extérieurs à une seule personne.
Ces mesures, plus strictes qu’auparavant, ont poussé la plupart des étudiants à rentrer chez leurs parents. Mais pas Pauline. Contrairement au premier confinement, cette jeune Française de 23 ans, originaire de la région lyonnaise, a fait le choix de rester à Louvain.
Au téléphone, l’étudiante en orthophonie arpente les rues vides et décrit l’atmosphère de fin du monde qui y règne. « La ville est vraiment morte, morte, morte… Je n’ai jamais vu ça en quatre ans. »
Ce climat presque apocalyptique s’est installé progressivement. Avant le confinement, ce sont les couvre-feux qui réglementaient la vie des noctambules. Dans un premier temps fixée à minuit, la limite a ensuite été revue à la baisse pour passer à 22 heures. Selon Pauline, cette contrainte est plutôt bien respectée par les étudiants. « C’est là où tu sens vraiment la différence entre la culture belge et française. En Belgique, ils ne donnent pas de règles strictes, mais ils préconisent de rester chez nous. Et les gens, ils restent vraiment chez eux, même si l’amende n’est pas grosse ! »
Un confinement XXL
Si le clap de fin des soirées a sonné et que les cours à distance sont désormais la norme, la jeune étudiante mesure sa chance de ne pas avoir enterré sa vie sociale pour autant. Difficile, en même temps, lorsque l’on vit avec plus d’une vingtaine de personnes.
Pauline habite un kot, un logement privé loué aux étudiants pendant l’année scolaire. Elle vit au quotidien avec 30 personnes. Bien qu’un peu plus vide en ce moment, elle partage actuellement son confinement avec une vingtaine de personnes, de tout âge, nationalité ou domaine d’études. C’est alors un bon moyen de varier les conversations : « c’est sympa parce qu’il y a toujours quelqu’un qui a un truc à raconter. Tu apprends tout le temps, chacun peut apporter quelque chose. Et puis en cuisine, on s’inspire les uns les autres». Ensemble ils font des jeux de sociétés, vont courir et montent même de petits ateliers : « avec Madeleine, on va monter un groupe de prière et de musique, comme il n’y a plus de messe. »
Si vivre avec autant de personnes permet de conserver le précieux lien social qui nous fait défaut aujourd’hui, Pauline reconnaît que c’est parfois pesant d’être tout le temps avec du monde. Surtout quand on est contraint de rester chez soi. Heureusement, en Belgique, il est plus facile de s’aérer : pas besoin d’attestation pour se déplacer et aucune limite kilométrique régit les sorties.
« La grosse différence avec la France, c’est que je me sens hyper libre de me déplacer. Je peux aller en week-end à la mer en restant avec les personnes qui habitent avec moi. Je n’ai pas cette sensation d’être enfermée, comme à Lyon » conclut la jeune étudiante.