Si le confinement a drastiquement réduit notre vie sociale, les moments de militantisme se sont également fortement raréfiés. Difficile en effet de discuter et de se mobiliser quand on est enfermé dans son appartement. Pour remédier à cela, des initiatives telles que Radio Pirate voient le jour. Une manière de continuer à militer, même séparés.
« L’idée est assez simple et très politique : se faire du bien, casser l’isolement… et faire la nique à Macron et aux patrons ». Alors que la première émission de Radio Pirate n’a commencé que depuis onze minutes, on sait déjà à quoi s’attendre. Derrière leur micro et chacun chez soi, ces moussaillons de la radio ont décidé de proposer un programme quotidien pour militer et débattre ensemble dans un contexte sanitaire qui n’est pas propice aux rassemblements physiques. Pour se faire entendre, ils ont troqué le vieux poste de radio contre le confort du stream sur Twitch et Youtube. Chaque soir à 21h, ils proposent donc une émission dédiée à une thématique. Féminisme, luttes syndicales, santé psychologique ou même loisirs, les sujets sont variés.
A l’origine de ce projet, un tweet de Pauline Moszkowski-Ouargli, journaliste chez Radio Parleur : « Salement envie de lancer une radio pirate tous les soirs […] où les gens peuvent balancer les patrons et le gouvernement ». L’idée rencontre un succès immédiat et très vite, une vingtaine de personnes la rejoignent. A peine 48 heures plus tard, le vendredi 30 octobre, Radio Pirate diffuse sa première émission. « Aujourd’hui, nous sommes entre 70 et 80, plus ou moins investis dans le projet. 80 % d’entre nous n’avait jamais fait de radio ou de journalisme auparavant », explique Hadrien qui a rejoint le projet à ses débuts. Lui non plus n’avait aucune expérience en la matière et ne connaissait aucun des autres membres. Mais une semaine plus tard, il l’assure : « c’est justement une super occasion pour ceux qui n’avaient jamais fait de radio. Il n’y a pas de critères d’entrée ! ».
Une radio ouverte à tous
Grâce à Discord, une plateforme de chat vocal, chacun peut proposer un sujet et trouver d’autres joyeux pirates pour l’accompagner dans la préparation d’une émission thématique. Celles-ci sont préparées d’une semaine à l’autre par des groupes de deux à quatre personnes. Ils se répartissent eux-mêmes les rôles : producteur en chef, animateur, intervieweur etc. Certains ne participeront qu’à une seule émission, d’autres s’impliqueront à plus long terme. Chacun est ainsi libre de s’engager en fonction du temps dont il dispose. “ Si quelqu’un veut participer à une seule émission et n’est plus disponible ensuite pour en préparer une seconde, il peut quitter l’aventure et ça ne posera aucun problème, personne ne lui en voudra ”, explique Hadrien. Radio Pirate se veut ouverte à tous, et essaye de mettre en avant la parole de ceux qu’on entend trop peu sur les ondes hertziennes . « On fait en sorte que ça soit plutôt des femmes qui parlent de féminisme, des personnes minorisées qui parlent d’anti-racisme etc. », explique Hadrien.
Voix grésillantes, problèmes de connexion internet et autres couacs viennent parfois perturber l’émission. Mais ces problèmes techniques n’arrêtent pas nos matelots de la radio. « Soyez indulgents, on fait ce qu’on peut avec la technique. Mais on essaie vraiment de faire quelque chose qui va durer dans le temps ! » expliquait Pauline Moszkowski-Ouargli, lors de la première émission. Car l’objectif est bien de réussir à tenir jusqu’à la fin du confinement. « On a une date, celle de la fin du confinement et après, normalement, le bateau s’arrête », résume Hadrien, confiant sur les capacités de l’équipage à voguer jusqu’à ce cap.