La candidate des Républicains a donné un meeting de campagne axé sur la politique de la ville devant de nombreux élus du territoire présents à Meaux, le mercredi 16 mars.
18h15. Le Colisée se remplit au compte-gouttes. Chaque siège trouve preneur. Seul le dernier rang reste dégarni. Dans le vestibule de la salle, les livres de Valérie Pécresse sont soigneusement répartis sur une table en vue de la séance de dédicaces à la fin de la soirée. Par où sortira celle que tout le monde attend ? Deux portes jonchent le flanc de la salle. Les paris sont lancés, et les médias ajustent leurs matériels. Tout est prêt.
Installé au quatrième rang des gradins avec un peu d’avance, Célestin, 22 ans, est là pour entendre parler de ruralité: Il estime que “des candidats font beaucoup pour les grandes villes, mais très peu bougent pour la ruralité et les terres de campagne”. Ce conseiller municipal à Germigny-l’Evêque, petit village de mille cinq cents âmes, espère un renouveau: “Macron a fait trop de dégâts pendant cinq ans. Il faut quelqu’un qui ne fait plus cette politique du “en même temps” “, lance-t-il.
Un peu plus loin au départ de la haie d’honneur, Roméo, même âge, est adhérent LR. “On dit souvent que notre génération est moins engagée, mais je ne pense pas que ce soit le cas”, explique le jeune homme vêtu d’un t-shirt blanc floqué au nom de sa candidate. ”Ce soir, j’attends un beau meeting, un beau discours, et un bon moment avec tous les jeunes qui sont là”, ajoute-t-il.
Il est presque 19h30 et Valérie Pécresse fait son entrée par la porte du fond, en vedette qui s’est longtemps faite désirer. Le sourire aux lèvres, elle se fraie un chemin sous les “Valérie, Valérie !” scandés par la foule. Dans le cortège, le maire de Meaux Jean-François Copé est au plus près d’elle. « Elle se démarque par son expérience, elle a été présidente de région, elle connaît les banlieues par cœur et a fait un boulot formidable ici », confiait-il une demi-heure plus tôt. Les drapeaux bleu-blanc-rouge virevoltent. Une musique électro enfièvre l’enceinte. Et l’héroïne de la soirée, veste de blazer noire sur les épaules, s’assoit face à la scène occupée par les maires qui la soutiennent, d’Aulnay-sous-Bois à Nemours, en passant par Champigny-sur-Marne.
49% des pourcentages des élus en Seine-et-Marne
“Bienvenue Valérie, tu es chez toi à Meaux !” déclare le maire de la ville Jean-François Copé en ouverture du meeting. S’ensuit un jeu de chaises musicales entre les différents soutiens de Valérie Pécresse qui, tour à tour, répondent aux questions du public sur la rénovation urbaine. Aménagement des territoires, égalité des chances pour le système scolaire, lutte contre la ghettoïsation. Laurent Jeanne, maire de Champigny-sur-Marne se montre fier d’avoir fait tomber un bastion communiste, tandis que James Chéron, maire de Montereau, tacle le pouvoir en place: “Vous avez aujourd’hui à l’Élysée quelqu’un qui pense tout savoir depuis son bureau et qui n’a géré que les milliards des autres. La bonne méthode, c’est celle qui a conduit à la dernière grande loi de cohésion sociale en 2004 avec Jacques Chirac et Jean-Louis Borloo”, affirme-t-il sous les applaudissements.
Soutenu par le regard complaisant de Valérie Pécresse, le directeur du Conseil départemental de Seine-et-Marne Jean-François Parigi rappelle qu’elle a obtenu 49% des pourcentages des élus dans le département. “Hélas, je veux vraiment que tu gagnes et je vais perdre une grande présidente de région”, dit-il ironiquement les yeux dans les yeux à celle qui préside la région Ile-de-France depuis 2015, et participe à sa première élection présidentielle.
« Refaire des quartiers de mixité sociale »
L’énergie des spectateurs, jusqu’ici latente, se réveille à la montée sur scène de Valérie Pécresse, aux alentours de 20h30. Son tour de parole arrive enfin. Jean-François Copé lui cède le micro pour trois quarts d’heure de discours. Célestin peut être rassuré: elle promet une “ruralité conquérante” où chaque euro versé dans la politique de la ville équivaut à un euro pour les territoires ruraux. Au sommaire également, la destruction des ghettos en dix ans pour “refaire des quartiers de mixité sociale”, ou encore la création d’une banque nationale des jeunes afin de financer les études.
“Je t’aime Valérie, tous au Kärcher les Gilets Jaunes !”. Un trouble-fête fait subitement une déclaration d’amour à sa candidate. Non déstabilisée par l’épiphénomène, cette dernière reprend de plus belle une poignée de secondes plus tard, soutenue par la clameur des sympathisants: “La culture et le spectacle vivant font partie de la tradition française !”, dit-elle. Boutade déjà valable un peu plus tôt dans la même journée, après que la candidate ait été aspergée de poudre rose par le collectif Akira lors de son discours à la Confédération des petites et moyennes entreprises.
Viennent enfin ses directives envers les militants: “N’écoutez aucun sondage, n’écoutez pas ceux qui vous disent que cette élection est terminée ! Je vous demande d’aller convaincre les indécis. Aucun obstacle ne me détournera du chemin de la reconstruction de la France”. La Marseillaise est reprise en chœur avant qu’une partie des spectateurs ne fonce vers les dédicaces. Fathia, quinquagénaire, interpelle la candidate à sa descente de la scène. En cause, son usage du terme “quartiers populaires”. Elle précise: “Il faut bannir le terme car ça stigmatise toutes les personnes qui y vivent”. Valérie Pécresse écoute, sans réagir davantage. Venue accompagner un militant, Fathia reconnait avoir apprécié la soirée, sans être sûre, pour autant, d’aller voter pour Les Républicains au premier tour, le 10 avril prochain.
Rayane Beyly