A Gennevilliers, l’esprit de la photojournaliste Emilienne Malfatto a rencontré ceux des futurs journalistes du master 1. L’étroite salle de cours capte l’ambiance et le dialogue qui s’est vite instauré.
Ce sont les deux dernières heures, nous sommes vendredi. J’ai assisté, toute la journée, à la concentration des étudiants, à leurs interventions et bien souvent, comme à chaque fin de semaine, à leur silence. Il est 15 heures et la photo reporter Émilienne Malfatto vient de franchir le pas de ma porte. Alors qu’au dernier cours, l’attention se relâchait, surprise : avec Emilienne, les questions fusent, au cœur d’une conversation intéressée. Les futurs journalistes sont presque fascinés.
La reporter incarne un certain mythe du journalisme dont les étudiants n’osent plus rêver : elle voyage entre l’Amérique latine et le Moyen-Orient, pose très souvent ses valises en Irak. Elle revendique son indépendance et surtout, croit dur comme fer à ses projets. “Remplace le verbe ‘je peux’ ou ‘je dois’ par ‘je veux’, et tu y arriveras”<. Je sens chez les étudiants, entre mes quatre murs, une envie d’y arriver. Les minutes défilent et les questions sont moins nombreuses. Émilienne nous conte ses projets, petit à petit, photos à l’appui : depuis plusieurs années, elle photographie deux petites filles dans un village conservateur d’Irak. Elle nous raconte son idée pour “Dernière escale avant la mer”, qui lui fera remporter le prix France Info-XXI. Cette fois-ci, c’est un banc de Bodrum, en Turquie, qui prend la parole. La journaliste s’est aussi aventurée dans les zones marécageuses du pays, où l’eau devient salée et où les buffles, souvent, finissent par trépasser. “Nous sommes dans un monde surchargé d’images. C’est ce que toi, tu feras de tes photos, qui fera la différence” . La responsabilité est grande mais ne fait pas peur aux interlocuteurs.