Une réalité de l’actualité : la narration du réel et ses divergences.
Plusieurs conférences ont eu lieu ce 8 octobre lors de la deuxième édition du festival Médias en Seine. Celui-ci a réuni des acteurs du monde médiatique qui ont éclairci plusieurs sujets autour de l’actualité et de la profession. Si des thèmes ont été récurrents comme l’écologie ou l’impact du numérique, un enjeu majeur a également été introduit : celui de raconter l’actualité. Plusieurs interrogations ont été énoncées et des propositions débattues.
Médias différents, réalités variées.
La question de la narration s’est posée notamment via le médium. Plusieurs points de vue ont été développés dont celui de Jules Lavie, rédacteur en chef et présentateur de « Code Source« , podcast audio du Parisien. En plein essor, le podcast attire et permet des libertés de narration, donnant à l’actualité des formes nouvelles. « Nous racontons des histoires. Via un fait, une personne proche du sujet ou de la personnalité » explique-t-il, affirmant également qu’il lui a été nécessaire d’apprendre à raconter des histoires grâce au storytelling.
La question de la manière de raconter fut également posée. Une vision précise pour Cédric Klapish, réalisateur ainsi que pour Marie Darrieusecq et Fatou Diome, toutes deux écrivaines. Ne voyant pas l’actualité comme des journalistes, ils l’intègrent au sein de leurs œuvres, chacun d’une façon propre. A la manière de Fatou Diome affirmant : « J’ai évoqué dans mon livre le naufrage du Joola mais pas comment Le Monde aurait pu le faire ». « L’important est de savoir rendre compte. Ce qui crée une porosité entre le journalisme et le genre de fiction : on fabrique un personnage en fonction d’un environnement, d’un contexte » a ajouté Marie Darrieuscq.
La construction d’un récit passe donc par un réel pensé par l’auteur : il s’agit de son réel, de son actualité.
Une actualité et des réalités.
La manière de raconter le réel ne semble donc pas en être une puisqu’il en existe des infinités, pour un artiste ou pour un journaliste. Dans sa conférence intitulée « Pourquoi notre cerveau aime les Fake News ? », le psychologue Albert Moukheibe évoquait la difficulté pour les rédactions de lutter contre les fake news notamment à cause de ces multiples réalités. « Nous avons tous des perceptions différentes la réalité. Elle est ambigüe et le lecteur part avec ses propres à priori sur un sujet et va donc avoir sa lecture de la réalité » affirmait-il.
La narration de l’actualité parait donc n’en être pas une mais une infinité. L’actualité apparait comme subjective et différente pour tous. Une multiplicité des points de vue pour lutter efficacement selon les Fake News ? « Nous devons sortir de nos a-priori, de notre réalité et confronter les réalités, les différentes manières de raconter l’actualité pour construire une réalité concrète » expliquait Albert Moukheibe. Confronter des réels et les sources : sûrement la meilleure manière de comprendre la réalité.