Pas de confinement pour le Conseil des Prud’hommes de Vienne. La routine habituelle continue…ou presque. Au printemps dernier, la Justice avait été fortement ébranlée par un quasi-arrêt de son activité. Cul-de-sac pour les salariés, désemparés, en cette période inédite de crise sanitaire et économique. Pour ce second confinement, le service publique des Prud’hommes reste ouvert. Fanny Aliern, vacataire au secrétariat-greffe nous fait part de son quotidien.
Exit le télétravail pour le secrétariat-greffe, les deux greffières du service et le vigile. Lundi matin, le ronronnement familier des véhicules envahissait de nouveau le quotidien de Fanny : « Le télétravail est envisagé seulement pour les personnes à risque » explique-t-elle. « Ce n’est pas possible dans le domaine de la justice de généraliser le télétravail, nous avons besoin d’échanger nos travaux entre collègues, nous avons énormément de dossiers, d’archives et d’envoi à faire. C’est toute une organisation entre les différents services qui nécessite d’être sur place. D’ailleurs, les audiences étant maintenues, il n’est pas possible de les organiser à distance ».
Une première journée post-confinement mouvementée
Ce lundi matin, c’est le premier jour de travail post-confinement pour Fanny. Et le COVID n’est pas en reste. Au bureau, tout est très calme. La première greffière est absente depuis quelques jours. La deuxième est absente également, cas contact depuis vendredi. Fanny ne le découvre que lundi : Un petit mot, une montagne de dossier à traiter, et une audience à organiser pour l’après-midi en urgence. « Les mesures pour le Conseil des Prud’hommes ne sont tombées que vendredi. Tout le monde était absent vendredi. Nous n’avons pu prendre connaissance que lundi matin des décisions prises suite à l’annonce du Président de la République. »
Pas de répit, pour ce premier jour de travail post-confinement, avec une panne informatique qui plus est : pas de messagerie électronique, pas de téléphone. Face au bouleversement de planning sur son portable personnel, Fanny a du tenter d’arranger tous les emplois du temps pour ces audiences « appelées sur des horaires bien distincts pour éviter les regroupements dans les salles d’audiences ». Auparavant ouvertes au public, celles-ci sont à présent restreintes au strict minimum depuis mai : « pas plus de 5 personnes. Évidemment ça dépend de chaque tribunal dans leur manière de gérer le problème. »
Un manque d’effectif
« Il n’y a que deux greffiers et moi » déplore Fanny pour le service de Vienne. Un manque d’effectif, impliquant une charge considérable de travail en cas d’absence : « Lorsque l’une de nous est malade, il est difficile pour le reste de suivre. La deuxième greffière fait face à une charge de travail qui est doublée. Dans une période où la santé impact le travail, et donc irrémédiablement nous amène à poser des congés, le manque d’effectif se fait d’autant plus ressentir ». Aujourd’hui, avec seulement deux personnes sur trois, une seule parfois, le service peine à compenser la charge de travail.
Les demandes liées au COVID-19 ne sont, au conseil des prudhommes de Vienne, pas si nombreuses. « Il n’y en a pas tant que ça. Je fais face à beaucoup de particuliers qui se posent des questions sur leurs droits dans cette période d’incertitudes professionnelles, mais le processus pour mettre au Prud’hommes son employeur/salarié ou collègue est long. C’est composé de plusieurs étapes qui peuvent durer plusieurs années. »
L’impact du COVID, encore tout nouveau, ne se verra que dans quelques années « Ce n’est qu’une fois que les statistiques des affaires de cette période seront enregistrées que l’on pourra réellement mesurer l’augmentation » concluait Fanny.